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Details

Comment décrire en quelques mots la Fabrique ? Un canut répond : « La fabrique de soierie est semblable à un très vaste et unique jardin ayant inépuisablement d’eau pour suffire à toutes sortes de besoins, lequel jardin divisé par portions, aurait pour l’exploitation des ces mêmes portions autant de jardiniers libres que de plantes ou de fleurs » (Charnier). Toutefois ce jardin et son exploitation harmonieuse sont constamment menacés par des parasites dont le fouriérisme a désigné le modèle original : le négociant ou le commerçant. Alors, à Lyon se développe une réflexion sur des organisations alternatives pour les ouvriers, tant en matière de production, que, surtout, de consommation. « Au bruit de la fusillade » d’avril 1834, un négociant proche, lui, des ouvriers, un républicain, converti au fouriérisme, réfléchit au moyen d’émanciper les travailleurs ou, du moins d’améliorer leur quotidien. Il publie une brochure puis surtout, dans L’Indicateur, au tournant 1834-1835 une série d’articles « Améliorations industrielles » pour exposer sa solution permettant de « terminer d’une manière définitive la tourmente sociale ». Il propose une « vente sociale d’épicerie », premier exemple en France d’une coopérative de consommation dont le magasin sera baptisé « Au commerce véridique ». C’est un projet apparemment modeste, mais surtout, aux yeux de Derrion, un premier levier dans la réforme qui doit conduire à s’opposer à la « libre-concurrence » qu’il décrit comme « une mêlée où règne le désordre, la confusion, l’anarchie, dans laquelle on fait arme de tout, jusqu’à la fraude, jusqu’à la banqueroute, tout sert à s’enrichir ou à se ruiner mutuellement ». En février 1835 des souscriptions sont ouvertes dans L’Indicateur pour constituer le premier fonds social et ce « commerce véridique » qui permet d’obvier au despotimse du commerçant, ouvrira un premier magasin coopératif quelques semaines plus tard, puis six autres jusqu’à ce que la grave crise économique de 1837 mette fin à cette première expérience.

Peu après la fermeture en 1838 du dernier « Commerce véridique », Michel-Marie Derrion (1803-1850) partira au Brésil pour fonder un phalanstère, l’Union industrielle du Sahy (1841-1845).

Translation

How to describe the Factory in a few words? A ‘canut’ replies: "The silk factory is similar to a very large and unique garden with an inexhaustible supply of water to meet all kinds of needs, and with the garden divided into portions, each with as many gardeners working as freely as plants or flowers" (Charnier). However, this garden and its harmonious operation were constantly threatened by parasites which, Fourierism was the first to identify as the merchant or trader. In Lyon alternative organisations for workers, both in terms of production and, above all, consumption, were being contemplated. "At the sound of the shooting" of April 1834, a merchant close to the workers, a republican, driven to fury, reflected on how to emancipate workers or, at least improve, their daily lives. He published a pamphlet, and at the turn of 1834-1835 a series of articles in L'Indicator setting out "Industrial Improvements" in order to spotlight his solution "finally to end social turmoil". He proposed a "social co-operative store" (« vente sociale d’épicerie »), the first example in France of a consumer cooperative, which would be called "To the truthful trade"(« Au commerce véridique ») . It was a seemingly modest project, but in Derrion's eyes, it was a first step in a reform that would end "free competition" - which he described as "a free for all where disorder, confusion, anarchy reigned, in which one struggles against everything, from fraud to bankruptcy, and in which everything serves either to enrich oneself or to ruin each other." In February 1835 subscriptions were opened in L'Indicator to form the first social fund and by this "truthful trade" to oppose the despotism of the merchant. The first cooperative store was opened a few weeks later and then six more followed until the severe economic crisis of 1837 put an end to the experiment. Shortly after the closure in 1838 of the last "Truthful Trade", Michel-Marie Derrion (1803-1850) left for Brazil to found a phalanstery, the Sahy Industrial Union (1841-1845).